Rituel Collectif

Avec une classe de l’école Ste J.d’Arc, à Laventie, on est en train de travailler à partir de la magnifique piéce sonore « Lettres aux poilus » que l’écrivain Alain Cofino Gomez nous a laissé en héritage après son Clea ici en Flandre Lys, juste 4 mois avant mon arrivée (projet auquel cette classe avait participé). Suite à l’écoute collective du morceau on a imaginé et on a écrit collectivement un scénario pour des séquences vidéo qu’on ira ensuite tourner ensemble sur des lieux de mémoire.

La scène principale sera tournée dans le cimetière que vous pouvez voir dans les photos en bas et que j’ai pris avec mon iPad un matin en revenant de Lille et en tombant par hasard sur ce cimetière à Fleurbaix qui m’a tout de suite fascinée. 

Lorsque j’ai proposé à la classe de tourner dans ce lieu, on a aussi réfléchi ensemble sur le présent de la guerre aujourd’hui et on a analysé une photo récente de l’agence de presse Routers, prise dans un cimetière militaire américaine où sont enterrés les soldats tués en Iraq et en Afghanistan.

Le piu belle foto di Reuters scattate negli ultimi trent'anni

Dans la photo on voit Lesleigh Coyer, 25 ans, de Saginaw (Michigan, USA), couchée sur l’herbe devant la tombe de son frère Ryan au cimetière national de Arlington, en Virginie, le 11 Mars, 2013. Ryan Coyer avait combattu pour l’armée américaine à la fois en Irak et en Afghanistan: il est mort à cause de ses blessures alors qu’il était en Afghanistan. (REUTERS / Kevin Lamarque / Files)

On a pensé ensemble de s’inspirer de cette photo pour faire un geste collectif qui représente un sorte d’offrande aux soldats enterrés, en leur apportant les versets des lettres merveilleuses écrites par les habitants et collectées par Alain Cofino Gomez et des objets intimes comme les pierres que la fille dans la photo a posé sur la tombe de son frère. Nous apporterons, donc, des fleurs, des bougies, des photos, chaquun ramenera un objet qui veut offrir et nous irons faire ensemble un acte de méditation et de contemplation.

Bien évidemment le résultat ne sera pas exactement comme dans la photo de Reuters car après un deuxième repérage, je me suis rendue conte que dans ce cimetière, comme dans tous le cimetières du coin, les tombes sont très proches les unes des autres, sans aucune ligne de fuite frontale comme dans la photo dont on s’inspire. En faite, dans la photo de Reuters, les tombes sont très isolée les unes des autres et elles permettent ainsi une relation intime, individu/tombe, car il y a la place pour s’allonger en face de la tombe, de prier, de vivre intimement le deuil dans le lieu, de que dans les cimetières militaires de la Grande Guerre ça n’existe pas et ce n’est pas un hasard, parce que la majorité des morts dans cette guerre n’ont pas des noms et les autres sont enterrés si loin de leur maison qu’aucune famille ne serait venue ici pour prier…

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Voici en bas le texte de la piéce sonore faite à partir des « Lettres aux poilus » que l’écrivain Alain Cofino Gomez avait demandé d’écrir aux habitants de Flandre Lys:

Si on m’avait dit un jour que j’écrirai une lettre à une personne totalement inconnue, je ne l’aurais pas cru…. Et pourtant votre nom de poilu fait partie de ma mémoire et bien sûr de notre mémoire collective. Lorsque j’étais plus petit ce nom de poil me renvoyait à la barbe de mon papa et je ne comprenais l’impact de ce mot sur les générations futures.

Lorsque la maitresse ns a demandé d’écrire une lettre à un poilu… ma sœur et moi sommes restés surpris, c’est quoi en poilu. Nous sommes rentrés à la maison et avons demandé à nos parents. Avec leur aide ns sommes allés regarder sur internet.

Mon cher, arrière arrière grand- père Jean Bonas, je t’écris cette lettre pour t’apporter tout mon soutien dans ce conflit dans lequel tu es embarqué. Je sais que ta vie de poilu est extrêmement difficile dans les tranchées que l’hygiène n’est pas des meilleures, que tu risques ta vie à chaque instant.

A toi l’Homme des bois, des cavernes, l’Homme redevenu sauvage, A toi l’Homme qui souffre, qui meurt…. Qui sent sa fin prochaine ms qui ne se plaint pas…. A toi l’Homme qui part pendantt plusieurs jours, demeure enterré dans un fossé profond.

Cher soldat de 1914 Il aura fallu 100 ans, cette opportunité de vous écrire….pour vous à votre combat quotidien, à votre courage, vos peurs, vos chagrins. Comment peut-on supporter cette horreur ?

Chaque fois que l’on me propose lors des cérémonies de lire ou réciter ces qq vers, l’émotion monte en moi comme en chacun de ns….pour vous dire toute notre reconnaissance. Loin de disparaître avec le temps, nous constatons cette ferveur. Vous êtes prêts de ns, vous êtes dans nos cœurs.

Au coucher du soleil et à l’aurore, ns nous souviendrons de vous. The goiing down of the sun and the morning, we we’re remember of you.

La guerre ils se disent pardon. Les poilus, les poilus s’arrêtent de tuer ils dorment ils sourient ils sont heureux… Pour moi vous êtes des héros, vous vous battez pour que notre joli pays soit libéré de l’ennemi, nous pensons très fort à vous.

Mon arrière grand-mère Mamie Jeanne m’a dit que sa mère lui avait raconté la première guerre mondiale la maison avait été détruite… Ce soir avant de dormir j’aurai une pensée spécialement …… l’église était en ruine et il y avait beaucoup de tranchées ….. Y a même eu une trêve incroyable entre les deux camps lors du jour de Noël. Parfois il me chantait la fameuse chanson, une chanson engagée par les guitaristes contre les riches…

Les soldats au front ne savaient pas ce qui se passait autour d’eux, confinés ds leurs tranchées ou leurs abris nous aurions pu leur confier nos i phones, nos téléphones portables en tous genres et observer…. Quels auraient été leurs choix à ce moment où ils auraient compris ?

Je frissonne aujourd’hui de tristesse, tant de vies gâchées. Je frissonne aujourd’hui pour ton courage et toute la foi que tu as mis pour sauver notre pays. Je frissonne aujourd’hui quand je vois nos peuples rassemblés main dans la main à faire vivre une Europe en marche et soudée.

C’est à toi que j’écris gd père Henri c’est à toi. Toi à qui si souvent j’ai demandé, raconte-moi, les détails de ta vie sauvée de par laquelle je suis. Les détails de ces batailles qu’on t’a fait mener. Batailles que tu ne voulais jamais évoquer, batailles qui par trois fois ont fait par l’enfer enterré….

Cher soldat ça fait maintenant 100 ans que vous vous êtes battus pour défendre la France, il fallait être courageux de laisser sa famille pour partir à la guerre et aussi pour vivre dans le froid, la faim et sans hygiène. Grâce à vous et à tous les soldats, la France a été libérée 4 ans plus tard et nous vous en serons toujours reconnaissants.

La guerre ça n’en a pas l’air, mais ça fout tout en l’air. Est-ce un mal nécessaire ? Son seul côté positif c’est que ça oblige à un moment de faire la paix.