ŒUVRE INÉDITE

Dans le cadre des POAA22 (Portes ouvertes des ateliers d’artistes 2022), le Bureau d’Art et de Recherche – La Qsp galerie ( 112 avenue Jean Lebas 59100, Roubaix ) est ouvert aussi ce week-end, 15:00—19:00, avec l’expo Narratives, à laquelle je participe avec ma vidéo « Oeuvre inédite », installée dans la cave.

>>> ŒUVRE INÉDITE révèle une enquête documentaire qui après sa première projection n’a plus été autorisée à la diffusion.

L’œuvre avait été réalisée par un groupe de neuf jeunes filles, âgées entre 18 et 20 ans, issues des quartiers Nord et Ouest de la ville de Roubaix, sous l’encadrement artistique de Rossella Piccinno. Le lendemain de son avant-première, certaines des filles ont été menacées de mort. L’Association qui avait financé le dispositif de co-création a invité l’artiste à ne plus diffuser le film “car ceci pourrait être utilisé à des fins islamophobes par l’extrême droite” et car “cette œuvre montre que le dispositif d’action et prévention dans lequel les filles étaient inscrites a échoué car elles restent trop islamisées”.

D’après une longue réflection, Rossella Piccinno a décidé de flouter entièrement les images et d’altérer les voix afin que personne ne soit reconnu dans le film et de le diffuser.

Elle s’assume intégralement la responsabilité de ce geste défiant, soulignant la censure.

ŒUVRE INÉDITE véhicule un film qui, en clair, porte un autre titre et qui reste invisible dans sa forme d’origine. Avec ce film, des filles faisant partie d’un dispositif d’action et prévention culturelle et sociale avaient souhaité aller questionner leurs libertés, comparer leur vie à celle des garçons, de personnes vivant dans d’autres quartiers.

Pour construire cela, elles avaient fait appel à l’artiste Rossella Piccinno qui s’était chargée de guider le processus de co-création à travers duquel les filles avaient pu exprimer leur voix. Des entretiens individuels avaient été réalisés, au cours desquels, face caméra, chaque fille avait formulé tour à tour des témoignages et des réflexions sur le manque de liberté auquel les filles sont soumises, souvent par leurs frères, au fin de les « protéger » et pour « défendre leur propre fierté » dans le quartier.

Dans une deuxième phase elles étaient passées d’interviewées à intervieweuses, lors de micro- trottoirs réalisés sur le terrain, allant de leur quartier à d’autres quartiers populaires, mais aussi à la rencontre d’un public diversifié rencontré en plein centre de Lille et de Marseille.

ŒUVRE INÉDITE invite le spectateur à se questionner sur la censure et sur la notion de “politiquement correct”, sur ce qu’il peut être dit ou pas aujourd’hui en France.

Roubaix, le 16/09/22

Rossella Piccinno

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