PROJET MULTIMEDIA : 38 PHOTOS IMPRIMÉES SUR PAPIER HAHNEMÜHLE FINE ART BARYTA 350 MG, ENCADRÉES EN PLUSIEURS FORMATS DU 100X70 cm au 30X20 cm + 1 VIDEO 4K DE 15’00 ».
CREDITS de la vidéo : Réalisation et montage Rossella Piccinno | Avec : Michel, Daniel, Marie-Odile, Armande, Fatima et ses petites-filles Soumia et Safa, Régina, ses filles, Magina et Madeline, son petit fils, Anthony de Bonheur | Création sonore Anna Sara D’Aversa | mixage son Alessandro Giovannucci | Prise de vu par drone Romain Hayem | Etalonnage Baptiste Evrard | | Projet encadré par Hamida Hafid Chargée de Mission, Harold GEORGE Directeur du Centre Social Bourgogne-Pont de Neuville | Production Centre Social Bourgogne-Pont de Neuville, avec le support de la Ville de Tourcoing, de la Préfecture du Nord, de Le Fresnoy, studio national des arts contemporains | Location de matériel Pictanovo.
( ENGLISH AND ITALIAN BELOW)
DESCRIPTION DU PROJET :
« En Mutation » est un projet photo et vidéo qui plonge au cœur de la transformation urbaine du quartier de la Bourgogne, à Tourcoing.
Sortir ce quartier des « radars de la politique de la Ville » en le transformant qualitativement est l’objectif, étalé sur 15 ans, de ce plan de rénovation qui touche le quotidien de 7000 habitants et s’inscrit dans le cadre du Nouveau Programme National de Rénovation Urbaine. Le projet d’offrir des logements, des espaces publics et des services plus attractifs passe actuellement par une phase de démolition des bâtiments actuels, pour la plupart en forme de barres et de tours, et par le relogement de centaines de familles.
« En Mutation » essaie d’investiguer l’espace intime de ce changement en allant à la rencontre de six habitants et leurs familles, concernés par un déménagement en cours ou imminente. Ce projet enregistre leur ressenti et se veut une trace paradigmatique de leur présence avant que la mémoire ne soit définitivement effacée. Une mutation de leurs lieux de vie qui s’opère comme un changement de peau, la mue du serpent : l’empreinte qui reste ce sont ces images symboliques, émergées par leur parole.
Au croisement de la photographie mise en scène et du reportage, ce travail photographique est le fruit de plusieurs rencontres dont la trace sonore enregistrée, remixée et transformée en bande son polyphonique par Anna Sara D’Aversa, accompagne la vidéo, tournée par un drone, de la démolition de l’un des immeubles.
Cette série présente les images des habitants et différents extraits des rencontres.
STATEMENT OF INTENT :
‘En Mutation’ – ‘Changing’ – is a photo and video project which goes to the heart of urban transformation in the Bourgogne neighbourhood of Tourcoing.Freeing this neighbourhood from the spotlight of local urban policy by transforming the area qualitatively is the objective of the project. Spread over 15 years the current development plan affects the daily lives of 7,000 inhabitants and as part of the New National Urban Renovation Programme is the largest urban renewal site in France. Offering housing, public spaces and ‘more attractive’ services, it is now in the phase of demolition of the existing building stock, which consists mainly of terraced housingand tower blocks, and rehousing hundreds of families.
‘Changing’ seeks to investigate the intimate space of this mutation by meeting six residents and their families who are affected by immediate or imminent removal.This project records their feelings and proposes to create a paradigm trace of their presence before the memory is definitively erased.Changing where they live is akin to a change of skin, the molt of the snake: the imprint that remains are these symbolic images emerging from their words.
At the crossroads of photographic scene-setting and reporting, this work is the fruit of several meetings from which the recorded sound, remixed and transformed into a polyphonic sound track by Anna Sara D’Aversa, accompanies the video, filmed by a drone, of the demolition of one of the buildings.
This series presents images of the residents and different extracts from the meetings.
DESCRIZIONE DEL PROGETTO :
« En Mutation » ( in italiano “In mutazione” ) é un progetto fotografico e video che si immerge nel cuore della trasformazione urbana del quartiere della Bourgogne, a Tourcoing, nel Nord della Francia.
Risanare questa banlieue difficile, trasformandola qualitativamente, é l’obiettivo, spalmato su 15 anni, dell’attuale Programma Nazionale di Rinnovamento Urbano, che a Tourcoing vede, su scala nazionale, il suo cantiere più grande, toccando la vita quotidiana di 7000 abitanti. Il progetto di offrire degli alloggi, degli spazi publici e dei servizi migliori, contrastando la ghettizzazione e la radicalizzazione, passa attraverso una fase di demolizione degli immobili attuali, per la maggior parte a forma di barre e di torri, e attraverso il trasferimento di centinaia di famiglie.
« En Mutation » cerca di investigare lo spazio intimo di questo cambiamento attraverso l’incontro con 6 abitanti e le loro famiglie, toccati da un trasloco in corso o imminente. Questo progetto registra il loro sentire e si vuole come una traccia paradigmatica della loro presenza prima che la memoria ne sia definitivamente cancellata. Una mutazione dei loro luoghi di vita paragonabile a un cambiamento di pelle, alla muta del serpente : la traccia che ne resta sono queste immagini e le loro testimonianze.
All’incrocio tra la messa in scena e il reportage, questo lavoro é frutto di numerosi incontri le cui tracce sonore registrate, remixate e trasformate in polifonia vocale da Anna Sara D’avaersa, accompagnano il video, girato con un drone, della demolizione di uno degli immobili.
Le immagini simboliche che compongono le serie fotografiche, sono visioni emerse durante le interviste, dalla viva voce dei protagonisti, che ritroviamo come colonna sonora nel video.
PHOTOGALLERY
MICHEL
61 ans
Arrivé en 2011 – Parti en février 2021
Rue Hardouin Mansart
Appartement type T1










Michel nous contacte au tout dernier moment. Il est dans les cartons, il part dans deux jours : “s’il faut le faire, il faut le faire tout de suite”. Je suis contrariée, le dispositif prévoit au moins deux rencontres : il ne s’agit pas là de faire un reportage mais de traduire de façon symbolique l’état d’âme de l’habitant à la veille ou concerné par un départ. Bref, pas le choix, il s’est manifesté à l’improviste sur la base du volontariat : “s’il faut le faire, nous le ferons ainsi.”
Le lendemain, je ramasse le matériel et je ramène avec moi un fil de lumières led, en me disant qu’avec un peu de chance cela illustrerait bien son récit. Nous arrivons donc chez lui.
Je rentre directement dans le vif du sujet :
– “Es-tu content ou triste de partir ?”
– “Content !“, me répond-il fermement. – “Pourquoi veux-tu t’en aller d’ici ?”
Commence alors son récit…
La vie ne lui a pas fait de cadeaux. Avant d’arriver dans le quartier, il a passé quelque temps dans la rue lorsque sa relation avec son amie de l’époque s’est terminée. Michel a quitté sa vie dans le Maine et Loire pour elle. Il a pu obtenir un logement, grâce à la mobilisation d’une habitante, d’acteurs sociaux et de la ville. Cela l’a grandement soulagé mais s’entendre avec tout le monde dans le quartier ce n’est pas évident. Michel est un anarchiste, un révolté, ses tatouages sur ses mains et ses bras en témoignent.
Il possède un chien « Tity », son chien est sa famille. C’est son petit protégé. Quand les gars du quartier passent en véhicules motorisés sans faire attention à « son Pépère » il s’énerve. Alors les échanges sont vifs. Parfois il est arrivé qu’on lance des cailloux sur sa fenêtre…
Mais, il a réussi à se construire de belles amitiés et à se faire de ”potes”,
comme il dit. La preuve nous sommes rejoint par Daniel, qui passe par
curiosité ”pour voir comment ça se passe…” chez son copain Michel, afin de décider s’il nous reçoit ou pas chez lui le lendemain.
Daniel est aussi concerné par le programme de relogement, alors, “tant qu’à faire, mieux vaut demander peut-être un logement pas loin du sien, et ainsi continuer de vivre à côté l’un de l’autre“.
Michel me dit :
– “Où on ira on sera bien, on sera plus tranquilles”.
– “Très bien, alors tu vas partir dans la lumière ?”
– “Oui”, me répond-il.
– “Parfait ! Je vais te mettre ce fil de Led tout autour, afin de symboliser cette sortie positive de ton logement”.
DANIEL
72 ans
Arrivé en 2010
Rue Hardouin Mansart
Appartement type T1







Daniel nous accueille chez lui rassuré par la séance à laquelle il a assisté la veille chez Michel. En connaissant sa réticence initiale, nous essayons de tout finaliser en une seule fois.
Nous avions eu déjà l’occasion d’échanger ensemble au centre social de la manière dont la séance se déroulerait et du choix de la prise de portrait.
Daniel est un bénévole très actif au centre social et dans d’autres associations de Tourcoing. C’est grâce à sa combativité que la mairie s’est mobilisée pour faire bâtir dans le quartier le terrain de pétanque.
– “Tu es un peu le maire du quartier, du coup, tu n’aurais pas une bannière de maire à te faire ?” le taquinai-je – “Oui, j’ai même une écharpe tricotée aux couleurs du drapeau”
– “Parfait !”
– “Et j’ai aussi mes boules de pétanque”
Et c’est ainsi qu’une ébauche de portrait se profile enfin.
Le matin du shooting, je trouve et ramène avec moi une couronne en carton de la galette des rois afin de compléter la mise en scène. Il nous accueille chez lui avec ses deux chats. La place qu’ils occupent dans sa vie est très importante. Il est aussi affectueux avec eux qu’il le serait avec ses propres enfants.
– “Ils ont trouvé le moyen d’arracher une grande partie du papier peint en faisant leurs griffes“ nous explique-t-il.
Après son divorce et la perte de son emploi, le couple a été obligé de vendre sa maison car aucun d’eux n’avait les moyens de continuer à payer le reste du crédit bancaire.
C’est ainsi qu’ils se sont retrouvés à la Bourgogne chacun d’eux installé dans un appartement différent. Daniel est aussi papa de deux illlss désormais aujourd’hui adultes.
Daniel est un enfant de l’assistance, comme on dit. L’assistance publique l’ayant retiré à sa mère. Il fut placé très jeune dans une famille d’accueil dans le village de La Celle sous Chantemerle en Champagne Ardennes. Il y a grandi et vécu jusqu’à l’âge de quatorze ans entouré de ses frères et sœurs d’adoption. Il nous montre une photo de lui au milieu de sa fratrie.
Il y a sept ans, l’une de ses sœurs d’adoption le retrouve grâce aux réseaux sociaux. Elle lui offre une bouteille de champagne pour célébrer leurs retrouvailles. Daniel ne boit pas d’alcool, il préfère la garder en promettant de l’ouvrir au Centre Social pour fêter son départ. La photo est maintenant composée, il suffit de la prendre entre plusieurs assauts des chats, surtout du plus jeune.
MARIE-ODILE
68 ans
Arrivée pendant l’hiver 1979
Rue Monseigneur Leclerc
Maison 6 pièces












Marie-Odile est l’une des premières habitantes du quartier. Elle est arrivée fraîchement mariée dans cet âge d’or où le quartier était flambant neuf et paisible. Puis les choses ont un peu changé.
L’héroïne et la délinquance sont arrivées et ont marqué la vie des habitants pendant quelques décennies. Cependant elle a eu huit enfants qui sont restés heureusement à l’écart de tous ces soucis.
Je lui demande :
– “Comment ça se fait, que tes enfants n’ont pas été touchés ?”.
– “Car mon mari et moi on était très unis, on a été une famille solide”.
– “Pourquoi vous n’êtes pas partis ?” – je demande.
– “Il fallait qu’il y ait quelqu’un qui reste et qui se bat pour faire évoluer les choses” – me répond-elle.
Marie-Odile représente la force tranquille et résistante de tous ces habitants qui ont continué à tracer entre eux des liens de solidarité et d’entraide dans un tissu urbain et social qui a traversé plusieurs moments critiques.
Aujourd’hui, il ne reste plus qu’elle dans sa jolie maison familiale avec jardin. Son mari est décédé, les enfants ont grandi, elle n’aura pas droit à être relogée dans une maison aussi grande. Pourra-t-elle encore conserver son jardin pour se poser et méditer ? Pourra-t-elle emmener avec elle dans son nouveau logement son immense table qui trône au milieu de son salon ?
Cette table aura été le témoin de moments heureux avec ses repas interminables, tragiques avec la veillée funéraire de son défunt époux, engagés sous forme de rencontres militantes.
Elle se remémore dans un éclat de rire, une cérémonie de PACS pour célébrer l’union de son fils et de sa compagne. À l’époque pour décorer la grande table, elle avait placé le couple sous un moustiquaire qu’elle garde encore quelque part dans l’armoire à l’étage.
– “Voulez-vous que je la descende ?“ – nous demande-t-elle avec la générosité et l‘implication qui la caractérisent.
– “Oui, bien sûr“ – répond-t-on.
Le jour du shooting, elle nous accorde beaucoup de temps. On pose la moustiquaire sur la table et on dispose des bougies pour rappeler la sacralité des moments qu’elle a évoqués.
Cette maison est toute sa vie, symbole d’un passé riche en souvenirs.
Le jour de la démolition, elle nous confie qu’elle compte être présente.
Elle nous dit :
– “Je préfère voir de mes yeux vus, quand la maison va être rasée et au sol“.
Après elle se renferme dans un silence contemplatif et commence à éteindre les bougies qu’on a disposé en face d’elle. – “Voilà, ça sera comme ça quand la maison sera démolie” – murmure-t-elle en conclusion…
FATIMA
74 ans
Arrivée en 1990
Rue Hardouin Mansart
Maison 5 pièces
SES PETITES FILLES
SOUMIA 23 ans et SAFA 20 ans Arrivées en 2016








Fatima est une véritable institution dans le quartier. Tout le monde la connait pour le soutien et l’écoute qu’elle offre aux gens qui l’entourent.Elle espère être relogée dans une maison pas loin car ici elle a vraiment beaucoup d’attaches.
– “La seule chose qui m’inquiète vraiment est que la maison où on va aller soit trop petite car moi j’ai besoin de place, j’ai plein de casseroles”.
– “Casseroles, c’est à dire… ”, je demande perplexe, pas sans penser à tout ce qu’elle vient de me raconter sur son passé.
– “Oui, je prépare des repas pour les gens quand il y a des fêtes, des petites cérémonies privées. Mes placards sont pleins de casseroles”.
Les images se forment naturellement à mes yeux :
– “Très bien, Fatima, le jour du shooting on va te faire sortir toutes tes
casseroles des placards et on ira aussi te faire marcher dans la rue avec un ruban sur les yeux !”.
– “Pas de problème”, elle me répond, comme si organiser un shooting, chez elle, c’était aussi simple que faire un couscous.
Je monte à l’étage, dans la chambre où les filles m’attendent avec impatience. On avait déjà travaillé ensemble, une fois, pour des portraits d’habitants en extérieur et elles avaient apprécié la démarche.
– “Qu’est-ce que cela vous fait de savoir que vous allez peut-être changer de quartier, êtes-vous contentes ou tristes ?” -, je demande sans ambages. Malgré le fait qu’elles soient très unies, elles ont des ressentis très différents. Safa, la plus jeune :
– “J’aime bien le quartier et j’aimerais bien rester car ici j’ai tous mes copains et copines” -.
Soumya, au contraire :
“J’aimerais bien changer pour voir autre chose, pour faire une autre expérience” -.
Néanmoins elles veulent être prises en photo ensemble, mais comment montrer cette différence de ressentis ? Je regarde bien leur chambre, Safa est assise sur son lit à côté de la fenêtre, elle me donne une sensation de stabilité et d’enracinement profond.
– “Soumia, tu n’aurais pas une valise ?” -, je lui demande.
– “Oui, je l’ai” – elle me répond en s’activant soudainement pour la chercher.
– “Alors, s’il te plaît, mets-toi à la fenêtre comme si tu étais prête à partir” -.
– “Prends sur toi une veste” – lui dit Safa.
Le cadre est composé, les deux sœurs sont là, prêtes à poser, je n’ai plus qu’à retourner avec des éclairages.
Le jour du shooting, elles sont tellement impliquées que l’on décide d’aller aussi dehors pour chercher à exprimer à la fois leur union mais aussi leur différence.
REGINA
50 ans
Arrivée arrivée en 2010 ‒ Partie en juillet 2021
Rue Hardouin Mansart
Appartement type T4
SES FILLES et son petit fils
Magina 15 ans, Madeline 5 ans et Anthony de Bonheur 5 ans







On arrive chez Regina en plein déménagement. Elle est dans les cartons, le lendemain il faut qu’elle consigne ses clés.
Regina sait ce que c’est de partir soudainement, elle vient de la République centrafricaine et elle a dû quitter son Pays le lendemain d’un coup d’État car son oncle faisait partie du gouvernement en place “et là-bas c’est comme ça, quand il y a un coup d’état toute la famille après est en danger”. Elle vit dans le quartier avec sa fille Magina, qu’elle a pu ramener tout de suite avec elle au moment de l’exode, et avec sa illle Madeline qui est née plus tard en France. Son autre fille Cécilia a pu la rejoindre quelques années plus tard avec le petit Antoine de Bonheur, dont Regina est la grand-mère. Son plus grand regret est qu’une autre de ses filles est encore là-bas, retenue au dernier moment à l’aéroport à cause d’un problème de passeport.
– “La ramener ici c’est ma lutte. Jusqu’à qu’elle ne soit pas ici avec nous tous je n’aurais pas de paix. Chaque jour, ici nous on mange du poulet et je pense à elle là-bas qui n’a rien…” -, elle s’arrête pour sécher ses larmes.
J’essaie de replacer le discours sur le projet :
– “Ça vous fait quoi de quitter cet appartement ?”-
– “Franchement, ils ne nous ont pas prévenu avec beaucoup d’avance, je n’ai pas eu assez de temps pour m’habituer à l’idée. On se sent un peu comme s’ils nous prenaient de force avec tout le canapé et ils nous ramenaient de l’autre côté” –
– “Mais c’est une très belle image, Regina ! Je vais vous scotcher au canapé, alors ! Dis-moi” – je continue – “quelle est la pièce qui va te manquer le plus ?” – – “Moi, c’est ma cuisine. Même si elle est petite, quand ma famille vient, on laisse jouer les enfants dans le séjour et on s’entasse tous dans la cuisine. C’est avec les larmes dans le cœur que je pars, ma cuisine va beaucoup me manquer” –
Sa fille Magina a le même ressenti :
– “Tous mes souvenirs sont dans cette maison, c’est trop triste de devoir la quitter” –
– “D’accord, j’ai bien compris, je vais vous mettre des larmes artificielles sous les yeux” -.
ARMANDE LOVE
47 ans
Arrivée en 2007
Rue Bottrop Appartement type T3






Le premier contact avec Armande est téléphonique. Elle a une voix douce et un peu mélancolique.
Elle me raconte en quelque mots qu’elle est contente de partir car son passage dans le quartier ne devait être que transitoire. Dès son arrivée, elle avait demandé un logement plus grand, pour ses deux filles adolescentes et elle, et aussi moins vétuste.
– “Franchement, pour être honnête, ce n’est pas ça que j’attendais mais j’ai pris ce logement en me disant qu’on allait pouvoir faire les travaux que je souhaitais. Après les choses ne se sont pas faites, finalement, mais j’avais toujours cette idée en tête de partir parce que les chambres qu’ils m’avaient montrées étaient toutes petites. Cet appartement je l’ai pris pour avoir quelque chose de manière provisoire et après pouvoir partir.” –
Quand je vais la rencontrer chez elle, elle me raconte son arrivée du Centrafrique et s’être inscrite à l’Université de Lille en tant qu’étudiante.
– “J’ai fait une maitrise en Géographie, j’ai fait un master pro en Tourisme, Loisir et Sport, et j’ai fait un autre master professionnel en Ingénierie des Projets de Coopération. Aujourd’hui je travaille à la Chambre des Métiers de l’Artisanat en tant que conseiller en création d’entreprise. Parallèlement, à côté de ça, je suis investie dans le domaine associatif, aussi, où j’aide dans le montage de projets de solidarité international.” –
Accompagner les autres pour réaliser leurs projets c’est la mission de vie d’Armande, qui rêve un jour de refaire le voyage à l’envers pour rentrer dans son Pays d’origine et développer son propre projet d’entreprise solidaire là-bas.
Je la vois comme un ange. Au même temps, je la ressens légère, prête à partir, prête à prendre son envol pour réaliser ses rêves et continuer à aider les autres : ça y est, j’ai mon image !
CREDITS : L’exposition “En Mutation” a été conçue dans le cadre du projet “Bourgogne terreau d’identités : mémoires partagées” porté par le Centre Social Bourgogne-Pont de Neuville et par l’artiste Rossella PICCINNO | Projet encadré par Hamida HAFID Chargée de Mission, Harold GEORGE Directeur du Centre Social Bourgogne-Pont de Neuville | Nous remercions la ville de Tourcoing et la Préfecture du Nord sans qui l’exposition n’aurait pu avoir lieu | Nos remerciements particuliers à tous ceux et celles qui ont collaboré à la réalisation de cette exposition | Nos merveilleux témoins : Michel, Daniel, Marie-Odile, Armande, Fatima et ses petites-filles Soumia et Safa, Régina, ses filles, Magina et Madeline, son petit fils, Anthony de Bonheur | Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains pour l’accompagnement, l’impression et les conseils précieux Lucie MENARD, Responsable Service Culturel et Éducatif et Boris ROGEZ, Impression des photographies de l’exposition | Anna Sara D’Aversa pour le magnifique travail de création sonore sur la bande son de la vidéo | Alessandro Giovannucci pour le mixage son | Romain Hayem pour la prise de vu par drone | Baptiste Evrard pour l’etalonnage | Pictanovo pour la location de matériel | Studio 5inq 6 pour la logistique.
VOICI LA VERSION EN ENTIER DE LA VIDÉO ( Ecrit-moi un e-mail pour avoir le mot de passe )



