Aussi ce soir on est sortis jouer les casseroles, ici sur ma rue. On entendait, de loin, que quelqu’un d’autre aussi le faisait dans les rues environnantes. On le fait depuis quatre ou cinq jours, c’est pour les infirmiers et le personnel médical mais au même temps c’est aussi pour nous, je crois. C’est une façon de sortir de son propre isolement et de crier qu’on existe, qu’on est là, qu’on résiste. C’est pour cela que ça me donne un peu de tristesse, car ça me ramène à la prison, à des gestes que j’ai vu faire dans des film ou dans des reportages que j’ai vu sur les détenus. Hier soir je ne suis pas sortie le faire, ça me déprimait. Aujourd’hui ça va mais je me demande si jamais tout pourra retourner comme avant…je commence à en douter…Dans combien de temps on pourra revenir à nos vies ? Je commence à juger surréalistes mes rêve d’une été de fête où tout cela ne sera qu’un lointain souvenir. Et si cela à la place d’être l’attente de la solution était déjà la solution ? S’il faudra réaménager toutes nos vies pour vivre comme ça, confinés, pendant au moins un an ou deux ans ? Qu’est-ce que je vais devenir après un an de cela…qu’est-ce que je vais devenir déjà dans 3 semaines ? J’ai peur qu’une sorte de lassitude s’installe au fond de mon caractère…ça ne me plairait pas, car l’introspection ça va mais la déprime je déteste ! Entre temps, je préférerais plutôt chanter au balcon…Je ne sais pas… »O sole mio » peut-être…entre temps, je préférerais peut-être me rapatrier…